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Baptiste Dethier's avatar

Je trouve très intéressante la question de l'impact écologique lié aux conférences scientifiques, et très courageux de la part de l'Université d'Anvers de prendre de telles mesures. Il me semble que l'UCLouvain avait déjà communiqué sur une charte en la matière il y a plusieurs années mais je pense qu'il s'agissait plus d'un encouragement à prendre le train plutôt que l'avion (si le trajet ne dépassait pas X heures) que d'une contrainte - et je ne sais pas dans quelle mesure ces recommandations sont connues et appliquées concrètement.

Durant ma propre expérience doctorale, j'ai aussi voyagé loin pour des conférences, et avec le recul ça me questionne. Au-delà du tourisme (c'est l'occasion), des souvenirs de vie sociale avec les collègues (qu'est-ce qu'on a rigolé), ces moments ont toujours été très utiles dans mon travail : chaque communication était préparée avec soin et me permettait surtout de formaliser périodiquement l'avancement de ma thèse, d'écrire des chapitres/articles, de réfléchir formellement à certaines problématiques, de rendre intelligible mes analyses, mon travail de terrain, etc. À côté de cela, les conférences les plus éloignées (quand j'ai pris l'avion) ont rarement été d'un grand impact : quelques remarques, questions ou conseils pertinents, des contacts bien sûr, mais est-ce que ça valait le coup de traverser une mer ou un océan pour quelques heures d'intérêt potentiel?

Je réfléchis différemment aujourd'hui, parce que l'enjeu écologique n'est que plus frappant, et que je pense davantage aux alternatives de transport, mais aussi parce que ma position a changé. Récemment, j'étais invité à un colloque à Montréal et je n'y suis pas allé. Soyons honnête, il existait l'option du distanciel (que j'ai prise), mais l'argument écologique était important, malgré l'attrait de l'évènement et des rencontres à y faire. En aurait-il été autrement si j'étais toujours doctorant? Probablement pas. Je ne suis même pas sûr que je ne me serais pas beaucoup posé la question, tant cela fait partie de la culture universitaire. Une conférence, c'est toujours une ligne en plus sur son CV, des crédits de formation doctorale, c'est la norme...sans oublier que les échanges internationaux sont toujours ultravalorisés (et je ne dis pas que ce n'est pas pertinent).

À l'heure où l'on évoque une possible limitation des trajets en avion dans le futur (genre 4 dans toute ta vie), il est important de repenser nos habitudes. Va-t-on continuer à fermer les yeux sous prétexte d'obligation professionnelle? Si une pratique que l'on juge fondamentale participe à la destruction de notre écosystème, est-ce vraiment une bonne pratique? C'est très complexe évidemment et il n'y a pas de réponse facile (le distanciel c'est bien mais pas du tout pareil), mais j'espère que d'autres institutions imiteront l'UAnvers et prendront des mesures contraignantes tout en essayant d'imaginer d'autres manières de faire de la recherche et de partager les connaissances.

Qu'en penses-tu Sophie, dans ta position qui t'amène à voyager régulièrement? Quel impact aurait ton absence à ce type de grands rendez-vous européens? En voyage en train jusque Lahti n'est-il pas un peu irréaliste? J'ai l'impression qu'on peut faire des efforts mais que fondamentalement on est un peu coincés: ce ne serait pas scandaleux de ne pas y être, mais ça peut être (très) utile et cela fait malgré tout partie de notre travail...

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