What-Sup #9 : 180 secondes de lecture
Cette newsletter a ou n'a pas été générée par une intelligence artificielle
👋🏻 Hei !
Si vous suivez cette newsletter depuis le début, vous savez que je commence toujours par ce charmant et accueillant « HEI ». Pourquoi ? Je n’en ai pas la moindre fichue idée. Mais saviez-vous que « Hei » signifiait « salut » en finnois ? Oh ben dis donc quelle transition parfaitement placée pour vous annoncer que, au moment où vous lisez ces quelques lignes, je suis précisément en Finlande, à Lahti très exactement. Pourquoi ? Pour la conférence annuelle du Council for Doctoral Education de la European University Association (EUA-CDE), cette année consacrée au rôle de la communication dans l’éducation doctorale. Promis, je vous raconte ça dans la prochaine édition de cette newsletter car je pense que vous l’avez mérité.
Pour l’heure, on est (re)partis pour un (dernier) voyage dans le monde de MT180, ze concours de vulgarisation scientifique, on découvre, une fois n’est pas coutume, le parcours d’un doctorant, et on continue de découvrir des ressources plus fascinantes et utiles les unes que les autres. Si ce programme ne vous donne pas envie de frétiller de joie tel un saumon arctique je ne sais vraiment pas ce qu’il vous faut.
🎓 L’actu du doc’
La fois dernière, l’actu’ du doc’, c’était la finale belge du concours de vulgarisation MT180, qui allait avoir lieu le 2 juin à Louvain-la-Neuve. Du coup, inévitablement, l’actu’ du doc’ cette fois-ci, c’est vous annoncer que la grande gagnante de cette finale est Maëlle Bottin, doctorante à l’UCLouvain en Chimie et qui a réussi à capter le jury et le public avec sa présentation intitulée « La nuit, tous les anions sont gris ». Maëlle a en effet remporté le prix du jury, et le prix du public ! Elle représentera donc la Belgique lors de la finale internationale qui aura lieu à Rabat, au Maroc, le 5 octobre prochain. Sans lui mettre la pression, on compte tout simplement sur elle pour ramener la coupe à la maison, mais vraiment sans pression hein (mais gagne quand même stp).
Et du côté des amateurs de bonne vinasse ? Je sais que vous êtes assez nombreux zé nombreuses à me suivre depuis l’Outre-Quiévrain (la rumeur dit que vous êtes une bonne demi-douzaine), je vais donc vous donner rapidement les nouvelles de ce qui s’est passé chez vous car l’alliance entre nos peuples m’est précieuse. La finale française de MT180 a eu lieu le 8 juin passé et s’est déroulé à Rennes et c’est rigolo parce que j’étais en Bretagne pas plus tard que y a deux semaines mais je me doute bien que tout le monde s’en cogne. Bref, toutes mes félicitations à Camille Kahlifi, doctorante en psychologie expérimentale qui représentera la France à Rabat mais quand même désolée je soutiens 100% Maëlle qui va gagner parce que c’est la meilleure (sans pression, hein).
📖 Ressource
Ze ressource of ze week is un article de quelqu’un que j’ai découvert pas plus tard que hier (mais comme vous ne savez pas quand j’ai rédigé ces lignes, en réalité vous n’en savez rien ! ha !), à savoir une dame maligne qui vend ses services d’accompagnement carrière de docteur·es et qui, pour se faire connaître et générer du trafic sur son site, écrit des articles de blog en mode « putaclic ». Mais je ne lui jette pas la pierre parce que ça marche, et que ma foi c’est le jeu ma pauvre lucette, elle a tout pigé au marketing digital, il ne nous reste plus qu’à applaudir.
L’article en question est relatif aux 5 erreurs communes chez les titulaires de doctorat dans le cadre de leur recherche d’emploi. La 3ème va vous surprendre (hihi). En gros, il faut pas se survendre et croire qu’avec un doctorat, c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres professionnelles. Elle a cette phrase magnifique que j’aime bôcoup car j’aime les choses bien formulées (comme vous pouvez le constater régulièrement à la lecture de cette newsletter): « les carrières [hors-académiques] ne sont pas quelque chose qu’on fait avec un PhD, mais bien après un PhD » et je trouve que penser comme ça aide à mieux envisager la poursuite de la carrière professionnelle. Je vous conseille la lecture de cet article - qui, promet-elle, ne prend que 5 minuscules minutes - parce que j’aime beaucoup sa façon de remettre les titulaires de doctorat à leur place en leur disant qu’il faut arrêter de se prendre le bourrichon : ok on est des petits êtres malins, mais c’est pas une raison pour prendre les autres de haut. Et j’aime cet esprit que voulez-vous.
Consultez l’article ici et dites-moi ce que vous en pensez s’il-vous-plait :
5 Ways PhDs Sabotage Their Own Careers (by Dr. Tina Persson)
🤝 Meet the doc’(torant)
Il y a deux semaines je me risquais à vous présenter quelqu’un que je ne connaissais pas personnellement. Et comme ça s’est plutôt bien passé, je propose de réitérer l’expérience cette fois-ci. Et comme, en plus de ça, je suis quelqu’un qui aime fondamentalement innover, cette semaine je vous propose de découvrir le parcours d’un doctorant, et non d’un·e titulaire de doctorat. Ha ! Tu t’y attendais pas à celle-là. Innover, partout, tout le temps.
Cette semaine, je vous présente donc Arnaud Bougaham, qui m’a parlé de son parcours entre 2 huîtres et un bon morceau de pain croustillant, puisqu’il m’a écrit alors qu’il était sur l’île de Ré, et si je n’étais pas une jalouse compulsive, je dirais que c’est super.
Arnaud a un parcours particulier puisqu’il réalise, comme qui dirait, une thèse de doctorat « sur le tard ». En effet, après ses études en électronique et télécommunication entre Valenciennes et Barcelone (2 salles, 2 ambiances gustatives et météorologiques), Arnaud est engagé chez Aisin Europe (industrie automobile), à Mons (autre ambiance sociologique)* où il a successivement occupé les postes d’ingénieur process de test, puis Data Scientist. Et là, cela fait 3 ans qu’il s’est lancé dans un projet un peu fou : 🌈faire une thèse de doctorat🌈. Et je suis pas peu fière parce qu’Arnaud m’a longuement expliqué son sujet de thèse et que je l’ai compris directement, en moins de 180 secondes. Sa thèse, réalisée à l’UNamur en collaboration avec Aisin Europe, porte sur le développement d’algorithmes d’Intelligence artificielle réalisant la détection d’anomalies sur base d’images de produit en fabrication pour en garantir la qualité (c’est appliqué à l’industrie automobile mais ça marche aussi pour détecter les maladies avec les IRM !). Clair, net, précis, utile.
Souhaitant mettre un petit coup de polish sur les habitudes industrielles en intégrant l’IA (la « gentille IA », pas celle qui va mener à notre perte), Arnaud se dote par la même occasion d’une panoplie de compétences, élargit son réseau et partage sa passion avec un plus grand nombre. Être engagé dans un doctorat collaboratif, c’est également donner une dimension nouvelle à son travail, en l’inscrivant sur le temps long puisque le projet professionnel d’Arnaud se place dans la directe lignée de son projet de thèse. C’est donc une preuve de confiance mutuelle que je suis presqu’émue de mettre en avant.
*Je peux faire des blagues sur les montois car c’est une peuplade que j’aime beaucoup, la preuve, j’ai une amie montoise et même que une fois j’ai participé au Doudou.
🔢 Le pavé dans la mare du jour
Je vous le disais dans l’édition number 8 de cette newsletter, le concours MT180 ne fait pas l’unanimité parmi les chercheurs et les chercheuses. Cette semaine, je vous propose de revenir sur certains arguments avancés par ceux (oui oui « ceux ») qui n’aiment pas trop trop les concours de type MT180. Je vais commencer par un énorme disclaimer : je sais qu’un ouvrage a récemment paru et qui est précisément et entièrement consacré à une dézingue en règle du concours. Je ne l’ai pas lu MAIS j’ai lu plusieurs articles de chercheurs et journalistes qui trouvent que, en gros, MT180, c’est un peu le symptôme ultime de toutes les dérives qu’on observe dans la recherche actuelle. Zoom sur quelques-uns de leurs arguments, vous m’en donnerez des nouvelles :
- MT180, c’est la marchandisation de la recherche, c’est du management néolibéral, et mettre les gens en compétition, c’est moche, et utiliser un dispositif entrepreneurial (le pitch) c’est re-moche
- Tout cet argent dépensé par les services comm’ et recherche des unifs et qui pourrait franchement servir à financer des chercheur·euses, hein, quand même, ça ne va pas du tout vous m’entendez?
- Présenter plus de 3 ans de thèse en 3min, SCANDALE, mais c’est une HONTE, d’ailleurs c’est beaucoup plus noble de publier plein d’articles pour dire à quel point c’est LAMENTABLE (pour cet article, âmes sensibles s’abstenir, je pense que ce monsieur devrait boire de l’eau et se payer une semaine de vacances, il a l’air un tantinet à cran)
Vous savez, moi MT180, je dirais que c’est avant tout des rencontres. Et je sais que vous pensez que ce paragraphe va partir en cacahuète parce que vous connaissez mon amour inconditionnel pour Alain Chabat, mais vous vous trompez. Je pense sincèrement que quand on s’intéresse à MT180, il faut aussi prendre le compte le point de vue de ceux et celles qui y participent. Ces jeunes chercheurs et chercheuses sont formés (le plus souvent extrêmement bien) à la prise de parole, à la vulgarisation, à la gestion de leurs émotions, ils et elles rencontrent plein de gens, s’amusent, repensent leur sujet, l’articulent différemment, bref ils mettent à profit leur thèse (qui n’est pas toujours la période la plus rigolote dans une vie) pour faire quelque chose de chouette.
Pour aller plus loin :
Jean Frances, et Stéphane Le Lay. « Docteurs, Pitches et ascenseurs. L’étrange recette du concours Ma thèse en 180 secondes», Savoir/Agir, vol. 51, no. 1, 2020, pp. 51-58.
Vincent Mariscal, « Ma thèse en 180 secondes. La visibilité comme instrument d’oppression symbolique », Savoir/Agir, vol. 48, no. 2, 2019, pp. 99-105
Jean-Marc Corsi, Jean Frances, Stéphane Le Lay, Ma Thèse en 180 secondes. Quand la science devient spectacle, Editions du Croquant, 2021
Pour aller plus haut :
"J'ai une amie montoise..."
Je suis mi-mi (mi flattée d'être presque nommément citée, mi-tigée de sembler être une vague amie :D)
J'ai été scotchée par l'article du Monsieur-à-cran et je ne suis toujours pas sûre d'avoir bien compris... En un mot, si on rend la science accessible, on la dévalorise scandaleusement. Whaaaaaaaaat ?!? Mais on est payé·es par des fonds publics alors à quoi on sert si on n'essaye pas de partager ce qui nous occupe avec le public? Quel est le sens de se gargariser entre spécialistes ?! Help me. "Âmes sensibles s'abstenir", tu m'avais pourtant prévenue!